jeudi 17 février 2011

DE LA COMPOSITION DES ARCS-EN-CIEL, Washington Cucurto

(Traduit de l’espagnol par Geneviève Orssaud)
T
- Quelle droite !
Un formidable direct dans la gueule du patron
qui l’a fait rouler sur lui même comme un saucisson
sur la machine à couper la viande froide.
Et c’est comme ça qu’ils nous ont viré de l’usine
de Caucho, à Constitución.
Et c’est comme ça que se sont terminées nos
48 heures hebdomadaires.
Comme ça qu’on s’est retrouvés à la rue !
Sans un rond !
Encore à la rue !
On est partis par Lima
et on a pris tout droit par Brasil.
Le jour veut se lever et la fumée
de l’usine se faufile entre de petits nuages
portègnes, bien orgueilleux…
Etait-ce bien nécessaire de faire tout ce voyage,
venir depuis Salta, pour voir l’arc-en-ciel
sur le toit d’une usine,
d’un dancing crasseux ?
Etait-ce bien nécessaire de faire tout ce dérangement
pour que l’arc-en-ciel entre dans ma vie, insidieusement, dans ma poitrine
de môme de Salta, irréconciliable ?
Encore à la rue !
Et sans un rond !
On a été embauchés dans un petit atelier
de découpe de tissu, dans la rue Paso,
en plein Once ;
un Coréen tête de River Pley
s’est approché et a envoyé le petit saltègne
repasser du tissu.
Avec une centrale vapeur de pressing !
Quel enfer près de cette centrale vapeur !
A la nuit tombée, le Coréen vient
et nous dit qu’on peut partit tôt (tôt ?!)
- Eh, River Pley2, viens nous payer,
cette nuit on sort !
- Lin pas payer avant fin du mois.
Ç’a été la dernière chose qu’il a dite :
le petit saltègne l’a serré
par les tifs et lui a montré toute
la fureur saltègno-bolvienne,
il lui a mis la tête sous la centrale vapeur
de pressing, la tête du jaune
fumait, fumait…
C’était à voir et à ne pas croire !
C’était à voir et à éjaculer !
Putain de cul-terreux ! OEil de vulve inclinée !
Je vais te renvoyer à Shangai !
Injuriait le petit saltègne
possédé par Judas.
Le saltègne3, courtaud et grande gueule,
avec un vague air de Housemann4,
l’a frappé d’entrée
et ensuite il s’est démené avec la fillette
petite Coréenne de 13 ans,
il l’a tenue contre le mur,
lui a baissé la culotte et il la lui a enfilée
par derrière, à sec.
C’état à voir et à éjaculer !
C’était à voir et à éjenculer !
Vive la Thaïlande !
Asiatique hépatique !
Fille de Li Bai !
Pindapoy5 !
Les oreilles du jaune en fondaient
quand il voyait comment on enculait sa fille.
Elle est vierge !
La petite Coréenne qui se tordait contre
le mur sale, écaillé,
et la bite du salt’.
- Yamanochuqui ando !
- Yamanochuqui ando ! – disait-elle.
On m’encule !
On m’encule !
Les voisins ont appelé les pompiers
pile quand le jus du saltègne
tombait sur la jambe de la jap.
Les pompiers arrivaient à toute blinde,
par Pueyrredón, à contresens.
Quelles brutes ! Quels frimeurs !
Les jets d’eau tombaient sur l’atelier
de découpe de tissu.
La vapeur s’élevait jusque dans le ciel
et formait un bel arc-en-ciel.
Qu’il pleuve, qu’il pleuve, les oiseaux
chantent les jap se lèvent !

Chatouillais le cul de la jap
et à chaque chatouillis sortait un peu
de jus saltègno-bolivien…
C’était à voir et à ne pas croire !
C’était à voir et à éjaculer !
détournée.

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